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Yves Zoreil

Les souvenirs

Si je lâche la bride aux souvenirs intimes
Inexorablement ils empruntent la voie
D’un seul chemin fléché qui me ramène à toi.

Je peux évidemment évoquer aisément
Mes primes amourettes, ces jeux adolescents
Où l’on s’exerce à vivre. Séduire, être séduit,
S’assurer sûrement que si l’on veut on peut.
Mais aucune jamais de ces aventurettes
Ne vient spontanément occuper mon esprit .


J’ai bien sûr souvenir de mon premier amour.
Un amour printanier à peine émancipé
De ce vert paradis des amours enfantines.
Amour respectueux aux désirs maîtrisés
D’une aimable Maryse, gentille et attachante
De mon petit village la plus belle des fleurs.
Nous nous aimions certains que c’était pour toujours
Nos vies étaient tracées , nous serions l’un à l’autre.
Mais ma mère veillait et trouvait la jeunette
Pas assez bien pour moi, de moindre éducation,
Et m’assiégeait sans cesse de remarques acerbes
Que je n’écoutais pas, ne voulais pas entendre,
Et pourtant, dans le fond, qui me désespéraient.
J’ai bien sûr souvenir de mon premier amour
Amour du temps passé, mémoire apprivoisée.
Mémoire cependant présente à tout jamais.


Comment aurais-je pu oublier la rencontre
De celle qui devait devenir mon épouse.
Éloignée de sa terre et de ses violences
Pour aller comme moi poursuivre ses études,
Elle m’assimila parmi ses familiers
Et c’est bien volontiers que j’intégrais ce groupe
Heureux de pouvoir rompre ainsi ma solitude.

De copain à ami, d’ami á confident
Et insensiblement je devins son amant.
Séduire, être séduit....Ce n’était pas une bergère
Et ma mère en cela cesserait ses assauts.
Mais au fond de mon coeur j’ai gardé le remord
D’avoir, à la légère, trahi mon bel amour
Au village resté, au village blessé.

Ce sont des souvenirs que j’évoque parfois
Cherchant à mieux cerner cet élan décisif
De ce qui fit mon sort, amorçant le destin
Qui m’a conduit vers toi, sur ton île lointaine .

Quand je pense à ma vie, c’est vers toi que je vais :
Les hasards conjugués ne visaient qu’un seul but
Les moindres incidents n’avaient qu’un seul dessein
Tous les événements liés, de connivence,
Me tiraient sur les rails dont tu étais la fin.

Que je cesse un instant de meubler mon esprit
De ces futilités qui font mon quotidien,
Que je laisse un moment mon âme inoccupée
Et ton image vive envahit mon espace.

Tu te tournes vers moi, et tu me tends les bras,
Ou tu ne les tends pas, c’est selon mon humeur.
Mais tu es là, debout, de toute ta présence
Et je t’accueille en moi, avec reconnaissance.

Où que j’aille dans l’ile, l’endroit m’est familier :
C’est cet endroit magique qui hébergea complice
Un de nos jours heureux. Notre ile n’est pas grande
Et nous l’avons tous deux en tous sens parcourue.

Ton île est une île, cernée par l’océan,
Et quand je vois la mer, c’est à travers tes yeux.