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Yves Zoreil

Du Bac

Déjà la fin Avril, et bientôt la mi-Juin !
Ce jour qui nous semblait tellement loin, si loin
Qu’il devait bien jamais ne devoir arriver,
Et n’exister que pour nous faire travailler,
Est là dans l’ombre, et qui nous guette et nous attend .
Je l’aperçois ! Non ! Je le vois à présent !
Ce jour tant attendu mais redouté de tous,
Ce jour depuis toujours s’avançait sans remous .
Il est là, devant nous, monstre terrifiant
Qui fait monter plus d’un soupir en approchant .
Le visage austère il avance à grands pas.
O futurs bacheliers, nous ne travaillons pas !
Préparons Mathématiques, Espagnol et Anglais,
Géographie, Chimie, et Histoire et Français,
Que pas un point de la cuirasse du géant
Ne puisse repousser notre assaut triomphant !
Armons nous de courage, et pleins de volonté
Refaisons le problème dix fois démontré,
Pas de perte de temps, travaillons sans relâche,
Allons ! Devant l’effort, ne nous montrons point lâches !

Oui, bientôt vous verrez, adultes étonnés,
Une foule de jeunes plus ou moins excités
Certains sans expérience et pleins d’illusions
D’autres déjà mûris par plusieurs déceptions
Se rendre au Lycée où vos enfants s’instruisent,
Se rendre au Lycée qui bien des espoirs brise !...
Vous nous verrez, troupeau ardent et combatif
Attendre impatiemment le moment décisif
Où le portail ouvert, notre flot houleux
Envahira la cour, suivi de tous les yeux .
Vous nous verrez ainsi, cachant sous le dédain
La plus vive émotion. Vous nous verrez tous, hautains
Aller pleins de verve défier le Géant
En se moquant de lui, en chantant et riant,
Dissimulant ainsi sous un dehors trompeur
Les indices honteux de notre grande peur .
“ Hélas, vous direz-vous, Voyez cette insouciance !
Je suis sûr que déjà ils pensent aux vacances,
Et que dans leurs esprits déjà pleins de projets
Il mélangent le bal, avec leurs durs sujets ! “...

Non ! Si nous prendrons à dessein cette attitude,
C’est que vous serez là, et que par habitude
Nous aimons pavoiser, et d’un air supérieur
Nous semblons négliger ce qui nous fait très peur !

Cependant, après un interminable appel,
Après un furtif et dernier regard au ciel,
Nous prendrons enfin place, et là les surveillants
Pourrons voir nos airs angoissés, nos doigts tremblants,
La muette question adressée au plafond
Et la ride soudain qui nous barre le front .
Car dans ce lourd silence seulement brisé
Par la plume qui gratte et la feuille froissée
Nous ne penserons plus, malheureux candidats,
Qu’au problème ardu que l’on ne comprend pas,
Qu’à la version d’ Anglais aux cent mots inconnus,
Qu’à la question de cours, dont on se souvient plus !

Alors, voyant de notre savoir l’impuissance,
Nous nous tournerons vers le ciel dans sa clémence,
Lui demandant, oh! sans être lauréat
De réussir, au moins, ce Baccalauréat !