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Yannig WATEL

Une grande chambre, à moitié inhabitée

C'est un fil tendu entre deux espaces vides
Qui charge en misères le Jardin - défertilisé
Et s'effrange, sur le Poète aux joues livides
Que trente-cinq ans d'ennui ont tranquillisé

Comme son hôte coutumier : le mauvais sort,
Le Soleil, éclipsé - que ses yeux n'ont pas vu
Fuit l'ombre évanescente d'un énorme ressort
Et, le piège se referme - le prend au dépourvu

Pourtant, il pardonne ces douleurs stupéfiantes
Elles évoquent quelque chose : le froissement
Parfaitement cadencé de ses mains suppliantes
Qui ternissent tout ce qui brille, maladroitement

Son Cœur désaffecté - rapiécé de chair plissée
Désavoue le mirage d'un Don du Ciel commercé :
La Descendance in-engendrée, à peine esquissée
Qu'aucune main de Femme n'aura jamais bercé

Et, quelque chose lui manque : ce rire enfantin
Qui promenait son âme sur un monde suspendu,
Au lieu même où pleure le Rêve Bleu du matin
Il jette sa fougue et sa force - libre, mais perdu.


[ 04 Décembre 2011 ]