Vous n’avez réclamé la gloire ni les larmes Et pourtant sur le socle on vous a exhibés Coulés dans le plomb lourd qui vous a mitraillés Sur le champ de l’horreur où s’affrontaient les armes
On vous a vénérés au rythme du clairon Porté haut porté fier, comme autant de médailles Épinglées au revers d’une cotte de mailles Couverte des discours aux mots de fanfaron
On parlait mémoire qu’il fallait conserver Pour museler la mort et ses dégâts infâmes On voulait rassurer en avivant la flamme Les applaudissements battaient haut le pavé
Au fil des années, on a cru dur comme fer Les guerres enterrées et les soldats de plomb Sur le pavé pourtant défilaient les talons De pourfendeurs de torts qui voulaient des frontières
Ils placardaient aux murs les preuves d’un danger Où des envahisseurs se massant sur les branches Il fallait relever la tête, aussi les manches Le pays entier avait besoin de bergers
Vous avez vu les bottes entrer en cadence Vous avez entendu les vociférations Vissés à votre soc, tout en affliction Votre immobilité muselée de silence
Vous, les Bleus inconnus de lointains bataillons Auriez bien piétiner les fleurs de la discorde Casser votre fusil sur le dos de ces hordes Vous n’étiez que cendres sur le feu des moissons