Et vous prétendriez que ces arbres sont morts Leurs branches trop usées Que jeté est leur sort
Pourtant regardez bien comment sont leurs écorces Coupelles des chagrins Qui se muent en trésor
Pour collier de fougères Pour la mousse royale Un oiseau de passage Un beau bouquet de gui
Sur un ciel de traîne qui annonce la pluie Se découpent leurs fils et leurs ombres passantes Gîte pour les ailes, les museaux ou la menthe Mariée aux nectars de midi de minuit
Où nagent quelques feuilles Où se baignent les lèvres Où plonge le soleil Ou la risée du miel
Prétendrez-vous toujours que ces arbres soient morts Comme fleuves taris Alors que sonne l’heure De toucher leurs dos creux et d’embrasser leurs torses Perclus de rhumatismes De dessins de sculpteurs
Promenez donc vos doigts sur les tracés du temps Et laissez-vous guider Dans les sentes des champs
Allez rendre visite à ces témoins sans force Faites un détour rare Courbez-vous sous leur porche