Déclin
Ah ! je l’entends ce clocher, comme une rumeur,
Il va comme un soupir, en un vaste chagrin,
Et dans les ciels profonds où plus rien ne pleure
Les brumes sans mémoire sondent notre déclin.
La clarté du jour où va le mensonge radieux
Jette son voile obscur et tout va agonisant.
Sous le grand arc de pierre où veille un dieu,
Je pose un cierge afin qu’il éclaire mon néant.
Mon Dieu quel est ce combat où se brisent les cœurs
Infusant le sang, la haine et les larmes de vie,
Emergeront ils dans l’aube éternelle, en sa vigueur,
Lavés de tourments quand le temps se sera enfui.
Ah ! je saigne, mais nul ne voit mon sang,
C’est une blessure que la nature sème,
Elle a la couleur des chimères, des fronts palissant
Et l’homme y déverse sans cesse ses anathèmes.
Quel regard de moi, évadé des miroirs,
En la pénombre, près d’un lieu à tous promis,
Se sera purifié en ce grand reposoir
Quand mille choses, sous mes paupières, sonneront minuit.
Ô patience, je serai patient, trop peut-être,
Le vent dernier m’aura livré tous ses secrets,
Pourquoi de cet horizon il faut naître
Et soudain périr, et l’éphémère refermer nos plaies.
J’entends, en ces promesses, la nuit et je m’absous,
Elle me berce de ses silences ou meurt l’ennui
Et je vais solitaire, écorché, une âme qui se dissout,
Sans regard, dans l’ombre des cyprès que le temps rajeunit