Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

Sylvain BERNON

S'il le faut.

J'ai beau changé de pages, jeter à l'imparfait
les instants hors du temps que l'on a partagé,
mais tu vois rien y fait je t'écris, insolent,
la violence en témoin de ce que je ressens.

C'est cadeau mon poto là tu m'as démoli,
ton silence au couteau déchiquette ma vie ;
je l'ai pas vu venir et pourtant, dans ma tête,
se demande pourquoi Amitié qui s'arrête.

J'ai le noir à genou et ma nuque à tes pieds,
auras-tu la bonté de vouloir m'achever ?
d'un coup sec s'il te plaît, juste avant que mémoire
s'abandonne orpheline dans les bras de l'espoir.

Toi ça y est terminé, toi qui passes autre chose,
moi perdu quelque part au milieu de ma prose :
c'est tout ce que j'ai trouvé pour pouvoir, mon ami,
retarder le moment où tu seras parti.

Comme une envie d'chialer tous les sanglots du monde,
comme un regard tombé avant l'heure dans la tombe,
comment faire, sans toi, exploser l'automate
pour ne pas devenir simple corps sur patte ?

J'ai plus goût à rien - foutre mon poing dans ta gueule,
faire saigner la douleur de me sentir si seul,
oublier ces années comme deuil du passé :
non merci, tu le sais, ça j'ai déjà donné...

Alors je vais me battre un seul flingue pour deux,
et tant pis si je dois te noyer dans mes yeux,
si c'est ton dernier mot, crache-le mon poto !
pour que puisse en sortir quelque chose de beau.

Avant que 'pète un câble' avant que 'non retour'
vienne éclater le lien - toi et moi pour toujours -
pour toujours, dans mon cœur, triomphe la beauté,
celle qui reste quand on a, avec toi, partagé.

Et puis tu sais comme moi qu'il est vain de lutter,
quand la vie fait le choix d'un peu trop s'acharner,
je pensais naïvement qu'avec notre amitié,
jamais rien ni personne pourrait nous arrêter.

(Arrêter de courir après le temps qui sème,
un peu trop de violence aux pieds des gens qui s'aiment,
puis tout faire pour sentir dans le fond de nos bides,
entre 'deux terre à terre' autre chose que du vide.)

Pince-moi, mon Pierrot, que le réveil enfin
soulage ce cauchemar - toi et moi c'est la fin -
qu'importe les virgules de notre atterrissage :
l'important c'est la chute ,,, quoiqu'en disent les présages.

C'est ainsi que je signe à la fin de ces lignes :
Par pitié, je t'en prie ! Par pitié, fais moi signe !
Je t'attendrai le temps qu'il faudra (s'il le faut...),
le temps que cette balle ne traverse mon dos.