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Sylvain BERNON

Mort aux connes!

Frangin regarde-toi, t'as les yeux qui délirent,
je te reconnais pas depuis qu'elle veut partir ;
tu t'attendais à quoi ? A une histoire d'amour,
Du genre celles qu'on écrit et qui durent toujours ?

Pourtant tu sais comme moi que tout ça c'est du vent,
du poison qu'on injecte dans le crane des enfants ;
t'as passé l'âge, frangin, de croire en ces conneries,
oublie cette connasse qui a brisé ta vie.

Allez viens avec moi on va vider les bars,
partager tes sanglots de la nuit jusqu'au soir ;
t'es pas tout seul, jamais je te laisserai tomber,
contrairement à cette folle qui ose t'abandonner.

Ne crains rien, mon ami, tout ça va s'arranger,
après deux trois cervoises, tu l'auras oubliée
et si demain ton cœur est toujours en morceaux,
on ira s'abreuver de tout ce qui est beau.

On ira tout cramer, les comptoirs, les CD,
balancer des pétards sur les tombes du passé,
on réveillera les morts pour gueuler : « Mort aux connes ! »
et pleurer que, sans elles, notre peau ne frissonne.

Aux adieux de l'Amour, l'Amitié résistante !
On a déjà goûté à ces belles passantes,
qui passent pour laisser, chaque fois dans nos yeux
quelques gouttes de pluie au goût bien silencieux.

Raconte-moi frangin, un peu, ce que ça fait !
Ça fait tellement longtemps que mes yeux ont séché,
desséché par le temps, par cette carapace
qui protège mon regard du triste temps qui passe.

As-tu réellement papillons dans le bide
tués par prédatrice aux caresses humides ?
Décris-moi en détail cet aller sans retour,
qui expulse des maux dans la langue des sourds.

Comment t'as pu tomber, aveuglé, dans le piège,
toi qui savais par cœur leurs si doux sortilèges ;
tu t'es laissé charmer comme un gosse, t'as perdu
à ce jeu Conte de fée auquel t'as jamais cru !

Allez vas-y arrête de chialer dans ton coin,
tu me donnes presque envie d'embrasser ton chagrin,
d'emballer la première venue pour me rappeler
la saveur bien heureuse d'avoir le cœur brisé.

Ces sueurs infinies au parfum de l'absence,
ne me dis pas que t'as laissé passer ta chance !
Qu'est-ce tu fous encore là, à pourrir avec moi ?
Au lieu d'aller fleurir dans l'enclos de ses bras...

Dégage de là mon frère, va retrouver ta brune !
Avant que la douleur nous dise d'en reprendre une ;
t'as rien à faire ici, toi t'es fait pour vieillir
aux pieds de ces amours qui ne peuvent mourir.

Bien au chaud dans un lit, une place pour deux,
collés à la douceur... Crois-tu pouvoir faire mieux
que ce poème écrit à l'encre de ses doigts
qui te prie d'éviter de finir comme moi ?

Comme un piaf atterré qui n'a plus vraiment d'ailes,
et qui donnerait tout pour un nid d'hirondelle ;
oui crois-moi mon ami, si j'étais amoureux,
j'aurais pas mis longtemps à te faire mes adieux.

Et puis nous deux, tu sais, c'est pas si important,
je ne suis pas de ceux qui s'attachent aux gens ;
égoïste et sauvage, je préfère être seul
plutôt que de devoir supporter ta sale gueule !

Alors relève-toi et laisse-moi à mes vers
que je puisse, frangin, les noyer dans la bière ;
tu vaudras jamais mieux que de cette poésie,
si tu restes planté devant ce que j'écris.