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Sylvain BERNON

Mes frères (ou presque)

Ils ont presque la gueule des printemps amoureux,
ils sont presque sur le point de faire leurs adieux,
ils ont presque quitté l'idée même d'être heureux,
ils sont presque de ceux (oui !) qui font de leur mieux.

Ils ont presque réussi à se tenir debout,
ils sont presque à deux doigts de gagner malgré tout,
ils ont presque ce don, dont chacun est jaloux,
ils sont presque tout seuls quand ils sont parmi nous.

Ils ont presque le cœur à la place des mots,
ils sont presque les dignes héritiers de Rimbaud,
ils ont presque gouté à la vie, vue d'en haut,
ils sont presque tombés dans une goutte de trop.

Ils ont presque compris l'ironie du destin,
ils sont presque couchés à sept heures du matin,
ils ont presque inventé le mal pour un bien,
ils sont presque, à coups sûrs, un peu tous mes frangins.

Ils ont presque grimpé au-dessus de la pluie,
ils sont presque tout nus, toujours sans comédie,
ils ont presque tous pris tous les sens interdits,
ils sont presque sereins lorsque tombe la nuit.

Ils ont presque le temps de s'investir à fond,
ils sont presque à courir derrière trop d'ambitions,
ils ont presque jeté l'encre de mon crayon,
ils sont (sûr !) presque auteurs de leur propre chanson.

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J'ai presque de la chance de les avoir croisés,
je suis presque comme eux, à peu de choses près,
j'ai presque eu du chagrin quand ils m'ont oublié,
je suis presque certain d'un peu trop les aimer.