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Sylvain BERNON

Lucie

Sous la frange du passé, pétille une jeune fille
qui n'a pas dix-sept ans et pourtant se maquille
de couleurs sans histoire, d'expériences humides,
comblant surtout le manque que laisse parfois le vide.

Elle n'a pas dix-sept ans et déjà se demande
si les heures sont là pour faire d'elle une grande
personne (que c'est étrange) ne rassure son enfance
depuis qu'elle a perdu sa fidèle innocence.

Parle-moi ô Lucie ! Je suis là moi aussi !
Du bas de mes printemps, je connais bien la pluie ;
oublie cette chanson que l'on écoute trop
quand le monde se résume à quelques gouttes d'eau.

Elle n'écoute que son coeur fiancé de ses craintes ;
dessous sa couverture et la lumière éteinte,
elle pense à la beauté que nul ne peut guérir,
elle pense sans doute à tort qu'elle ne peut s'en sortir.

Et pourtant la voilà, elle n'a pas vingt-cinq ans,
avancer malgré tout comme avancent les grands :
mère et femme amoureuse, les yeux compte à rebours,
otage à contre sens d'un aller sans retour.

Dis-moi encore Lucie ce qui te fait tomber,
que je puisse te sauver sur ce bout de papier...
Comment changer la date de ta courte folie
sans te mouiller le cou avec ma poésie?

Sous la frange du passé se retourne une fille ;
elle n'a pas vingt-cinq ans lorsque elle se démaquille
dans cette chambre sans nom, où patiente un fantôme,
elle demande pardon à ses deux petits hommes.

Excuse-moi Lucie de n'avoir pas coupé
cette putain de corde qui me fait tant pleurer ;
j'étais peut-être trop loin pour entendre ta voix,
à coup sûr trop absent pour pouvoir être là.

Aujourd'hui son regard continue d'éclairer
le chemin de tous ceux qu'elle a un jour croisés
et si certaines nuits refusent le matin,
je repense à ces anges dont je suis le parrain.

On la voit à présent comme une fille sans âge ;
la vie n'aura pas su abîmer son visage
et malgré les années qui balayent les trottoirs,
son image reste intact au creux de ma mémoire.