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Sylvain BERNON

Laisser tomber.

Au bord de la piscine, mes désirs encore secs
Se demandent quand reprendre le parti de l'échec,
Celui qui manquait d'air et n'en recherchait pas,
Celui qui me faisait apprécier les faux pas.

Mon regard se répète : « Mon Dieu que je suis laid ! »
Si prêt de mon reflet si loin de replonger ;
Que vais-je donc devenir ma chère imperfection,
Si je ne peux plus être ce brave homme sans nom ?

Un pare-choc, une noix impossible à briser,
Ou une de ces voitures trop télécommandées ?
Programmé pour survivre me voici dans les clous,
Fin prêt à renoncer, de quoi me rendre fou.

Et que dire à ceux-là qui aiment encore saliver ?
Désolé mes amis je dois abandonner !
J'ai perdu ma beauté dans une fête de trop,
Oublié l'harmonie pour pouvoir chanter faux.

Je dois… Je dois… Je dois ne plus avoir le choix
Garder au fond de moi la magie de mes doigts,
Qui jamais, plus jamais ne se laisseront aller
Comme dans l'escalier, je dois laisser tomber.

J'arrive pas à me dire que tout est terminé,
Que mes yeux n'iront plus en ce lieu liberté
Rencontrer l'inconnu, piétiner la morale,
Telle est ma destinée : avoir une vie normale.

Mais déjà se réveille mon envie de bien faire,
Parait-il qu'il paraît que je suis un bon père ;
Sur leurs joues un parfum aux saveurs essentielles,
Mes enfants ont ce don : sublimer le réel.

Comme quoi il me reste encore de quoi aimer,
Au-dedans de ma chair, la plus jolie moitié
N'a que faire des promesses fantômes de mes vices,
Vous aimer, mes amours, n'est pas un sacrifice.

Puis encore cet appel si dur à ignorer,
Un vendredi cercueil qu'il me faut enterrer,
Lutter de toutes mes forces pour garder prêt de moi
Les personnes que j'aime et qui m'aiment, je crois.

J'en suis sûr après tout et m'appuie là-dessus,
Tout ça n'est pas gagné, n'est pas non plus perdu ;
Comme toujours cette force dont parlent les savants
Est pour moi étrangère à tout ce que j'entends.

Alors pourquoi me battre, pourquoi vendre ma peau
A cette musique immonde qui se couche trop tôt ?
Je les accepte bien moi avec leurs dérapages
Dissimulés derrière leur costume de sage.

Telle est donc ma faiblesse : impudeur jusqu'au cou,
Paraître responsable, après tout je m'en fous !
Je ne manque pas d'orgueil… Alors pourquoi le dire ?
Peut-être par vanité, ou juste pour mentir.