Black Friday
J'ai vu comme tu es généreux,
quand il s'agit de dépenser,
ton fric ainsi commence le jeu,
que tu appelles le black Friday.
Tu fais la queue au H et M,
c'est tellement bon de respirer,
en dehors de ton HLM,
c'est tellement bon de consommer.
Quatre paires de gants et trois bonnets,
avec l'hiver qui se prépare,
faudrait surtout ne pas manquer,
de merdes qui hantent tes armoires.
Tickets de caisse et p’tits billets,
c'est sûr t'as trouvé une affaire,
50% sur une télé,
pour dire adieu à ton salaire.
Moi j'ai d'autres projets
pour passer mon vendredi noir:
danser avec tous les cramés
la gueule pliée sur le comptoir.
Deux téléphones pour le prix d'un,
faut se jeter sur l'occasion,
on sait jamais si un matin,
t'en oublies un à la maison.
Regarde un peu comme ils sont beaux,
dans la vitrine tous ces mannequins,
tu devrais demander leur numéro,
pourraient devenir tes copains.
Si la musique n'a pas d'odeur,
autant acheter le dernier cd,
qui fera battre ton p’tit cœur,
au son de la médiocrité.
Le roi a dit que le talent,
devait se vendre aux enchères,
la poésie couleur argent,
me fait gerber où sont mes frères?
Moi j'ai d'autres projets
pour passer mon vendredi noir:
danser avec tous les cramés
la gueule pliée sur le comptoir.
Dans l'paradoxe des conforts,
tu as besoin tu as besoin,
de posséder tous les trésors,
pour te sentir quelqu'un de bien.
Pour avoir l'air d'être à la page,
sur laquelle tout le monde écrit,
tu fous ta plume dans l'maquillage,
pour faire semblant d'être jolie.
Regarde-toi ni dieu ni maître,
dans le royaume de l'apparence,
suivre la meute du paraître,
pour te donner de l'importance.
Encore une publicité
qui vient faire couler ton regard,
tu pleures de joie quand la beauté,
a la texture du caviar.
Moi j'ai d'autres projets
pour passer mon vendredi noir:
danser avec tous les cramés
la gueule pliée sur le comptoir.
Tu aimes la foule collé serré,
pas dans les manifestations,
tu as toujours le point levé,
quand tu tombes sur une promotion.
Parfois tu portes un gilet jaune,
qui porte la couleur du blé,
ta carte bleue qu'on emprisonne,
c'est sur y'a de quoi se révolter.
Pouvoir d'achat pour acheter,
encore toujours même le dimanche,
qui devient ouais le black Sunday,
juste pour toi t'en as de la chance!
Bon je te laisse petit mouton,
avec ta laisse argentée,
je vais fumer tous les pochtrons,
dans le bar de la liberté.
Une dernière chose avant d'partir,
t'as pas cent balles à me filer?
Ça éviterait que je retire,
car l'prix des clopes a augmenté.
