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Steve DELCOURTE

Psychose de la machine à laver

Tourne et tourne toute la journée.
Et rien à faire : ça doit rester fermé.
Le plus important, c’est pour la mousse.
Si tu ouvres maintenant, ça t’éclabousse.
Et puis faut pas oublier le linge mouillé.
On voudrait pas devoir tout recommencer.
C’est pour ça qu’elle doit rester fermée.
La machine a son programme à respecter.
Les règles des engins, c’est compliqué.
Vous imaginez si, d’un coup,
Pour notre plaisir, on ouvrait tout ?
Portes, placards, fenêtres à la volée.
Ce serait le chaos, rien qu’à y penser.
C’est pour ça qu’elle ne doit pas s’ouvrir.

Et toutes les couleurs éclateraient,
Comme un jardin de fleurs sur le parquet.
Des tourbillons d’eau jailliraient,
Et ça sentirait pire qu’un vieux marais.
Les infirmières diraient : « t’es méchante.
Tiens, prends donc ta pilule rose, ma charmante ».
Voilà pourquoi, Madame, voilà pourquoi, Monsieur,
Il ne faut pas, non, jamais l’ouvrir.

On entendrait les bruits, des cris perçants.
Vous savez… comme les chiens ou les enfants.
Alors j’attends, j’attends que ça termine.
Pour être sûre qu’il n’y ait plus de vermines.
Parce que, vous savez, c’est pas si aisé,
De noyer un bébé dans une machine à laver.
C’est pour ça que je peux pas ouvrir, je sais pas comment.
Faut attendre que ça soit fini, bien gentiment.

Mais c’est pas grave. Non, pas grave.

Mon bébé. Maman est là.
Elle t’a noyé dans la machine à laver.
Mais faut pas lui en vouloir.
Elle savait pas… être maman.