il y a dans mon cœur comme un gouffre et un trop-plein, un silence qui colle aux parois, un truc lourd et presque liquide.
ça fait du bruit, le silence, quand t’es seul assez longtemps pour l’entendre.
et quand je pense ; je veux dire, vraiment penser, pas juste faire défiler des conneries dans ma tête ; eh bien je me fissure.
comment tu veux t’exposer au monde quand t’as vu ce qu’il cache ? comment dire je quand je n’est qu’un souffle perdu dans un ciel vaste, tendu comme une peau au-dessus d’un lac où l’air lui-même hésite à bouger ?
et puis merde, comment on fait semblant quand la télé crache des hommes qui s’égorgent pendant qu’on mâche des lasagnes ? c’est pas qu’on s’en fout, c’est juste qu’on a plus le choix.
le cœur regarde, le ventre digère, le cerveau zappe.
et franchement, qui peut encore bander pour un trou, quand on y pense ? j’veux dire, quand on regarde l’abîme au fond de tout ça... l’attente, la recherche d’un lien qui tiendrait plus que trois minutes ou une nuit.
y’a plus grand-chose qui tient.
alors je demande, sans prétention, sans grande théorie :
pourquoi on nous a foutu la pensée si c’est en animal qu’on vit ? si c’est pour courir après des ombres, ou des corps, ou des likes, avec ce cœur qui cherche une sortie dans un labyrinthe sans plan ?
j’suis pas triste, hein. juste lucide. c’est pire.
et peut-être qu’au fond, penser, c’est pas un don, c’est une punition qu’on enjolive avec des poèmes comme celui-ci.