j’suis là. dans ce monde-là. celui qui s’écroule avec le sourire. celui qui met du sang dans tes écrans et du sucre dans ton café.
j’suis là, et j’peste. pas pour changer les choses ; ça, c’est mort. juste pour pas crever en silence.
je peste comme on crache du feu. je peste comme un chien attaché qui ronge la chaîne. je peste parce que penser m’a défiguré et que j’ai plus rien à sauver, pas même moi.
tu veux la vérité ? la vraie, pas celle en librairie ?
je vis dans un monde où on vend du bonheur pendant que des gosses fouillent des poubelles. où on scroll des cadavres avec le doigt gras de chips. où on dit “c’est triste” avant de reprendre une bouchée.
je peste contre moi, contre mon confort de merde, contre ma honte tiède qui me fait écrire au lieu d’agir, qui me fait jouir pour oublier, penser pour ne pas hurler.
j’suis pas un héros. j’suis un homme avec un estomac, un cerveau fissuré et trop de lucidité entre les côtes.
je rêve de disparaître, mais je reste. j’me bats pas pour un sens, j’me bats pour un mot qui tienne debout dans ce bordel.
et ouais, j’y suis. j’y suis jusqu’au cou. jusqu’à la bile. jusqu’à l’os.
et j’peste, parce que c’est tout ce qui reste quand prier, penser, espérer ont foutu le camp.
je peste comme un cri qu’on jette dans un puits en sachant que personne répondra.
je peste parce que j’ai compris, et que comprendre, ça s’oublie pas.