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Simone PASCAL

FREINER ''à mort'' LA FIN DE VIE.

Freiner ‘’à mort’’ la fin de vie…

La vieillesse sonne le glas.
Au sexagénaire déjà,
Passé ce cap, notre faucheuse
Ouvre la pente vertigineuse.

Se lever tôt n'est plus possible,
S'habiller devient pénible,
Lassitude dès le matin
Paralyse tout votre entrain.

Capter de soi le plus urgent
Dans le miroir indifférent
Qui vous renvoie de vous l'image
Sans complaisance pour votre âge.

Lisser la peau qui se chiffonne,
Gonfler les joues au maximum
Pour atténuer de l'Intérieur
Les rides qui prennent de l'ampleur.

Ôter les poils sans concession
S'ils colonisent le menton,
Dans les sourcils discipliner
Ce qui s'évadent sur les côtés.

Teinter Les quelques cheveux blancs
Chez le coiffeur encore un temps.
Couper les ongles où l'énergie
S'est concentrée et fait son nid.

Les taches brunes qui tapissent
Les mains, cette peau qui plisse
Au travers de laquelle on peut voir les vaisseaux
Triste tableau d’un aspect bien vieillot.

Ruser avec les yeux cernés
Par des lunettes adaptées,
La monture fort attrayante
Embellit le regard qui flanche.

Pas le droit d'oublier le moindre traitement
Qui soigne en théorie l'affreux délabrement,
Crèmes, sérums et hydratantes mousses
En faisant illusion font votre peau plus douce.

Résignée, on maîtrise un peu l'extérieur
Non sans crainte parfois et pas mal de rancœur
Envers cette Nature qui malmène l'humain,
L’accompagne à sa perte lentement vers la fin.

Le coup de grâce qui vous glace
Sont les vestiges, face à la glace,
Les reflets flasques d'une poitrine
Qui trahit sa mission féminine.

Le moral serait sauf, s'il n'était attaqué
Par les maux intérieurs, douloureuse santé,
Désormais les organes les uns après les autres
Détraquent l'organisme qui ne semble plus vôtre.

Autrefois appelée douce mélancolie,
La dépression s'annonce doucement et sévit
En changeant peu à peu toutes vos habitudes,
Augmentant chaque jour la triste solitude.

Les jambes lourdes, les reins bloqués
Empêchent le corps d'avancer,
Le cou raidi jusqu'aux épaules
Vous fragilise lorsqu'on vous frôle.

Cernée de toutes parts, affaiblie par l'arthrose,
Rongée par l'avancée de l'ostéoporose,
Se casser la cheville, fracture du bassin,
Deviennent les soucis de votre quotidien.

Le front enserré d'un étau,
Des craquements dans le cerveau
Favorisent de nombreux vertiges,
Déséquilibrent et vous affligent.

Dignité bafouée, problèmes digestifs
Surviennent n'importe où, traîtres, intempestifs,
Tous les inconvénients d'un corps qui vous échappe,
Destruction humiliante étape par étape.

Subir l'incontinence quand la vessie s'épanche
Sans avertissement, Le corps n'est plus étanche.
Pour éviter l'odeur fatale de l'urine,
On redouble les soins de la toilette intime.

Pourquoi ces idées plus que lugubres
Titillent mon moral devenu insalubre ?
Pourquoi empiètent-ils sur mes vœux optimistes
De finir dignement ma vie sans être triste ?

C'est une course désespérée
Pour prolonger la destinée
Déjà tracée depuis longtemps,
Peine perdue contre le temps.

Ralentir l'œuvre, la déchéance,
Repousser l'heure de l'échéance,
Freiner ‘’à mort’’ la fin de vie,
Un dur travail pour la survie.

Je vieillis, c'est la vie,
Aide-moi, Jiminy !
Apporte-moi l'humour
Utile aux derniers jours.

Simone PASCAL