Tu te tiens donc assise et dans ta marinière Vacilles dans ton parc sous les yeux paternels. Tu happes tes doudous sans tomber en arrière, Ta poupée qui vient la première, T’embrasse avant Polichinelle…
En toi s’agite un ange et c’est un grand mystère, Que de voler sur terre avant que d’y marcher. Tu portes tant d’amour dans ta petite chair, Qu’en leur cœur ton père et ta mère, Trouvent en toi l’or qu’ils cherchaient…
Maman est toute émue, mais comment ne pas l’être, S’asseoir c’est déjà s’échapper, penser à mieux. Tu n’as que quelques mois, eux quinze années peut-être, Avant que tu n’ailles renaître, Dans d’autres cœurs, en d’autres yeux…
La vie que tu vivras n’aura rien de la ligne, Et tu rencontreras bien des épouvantails. Alors selon le vent, les oiseaux qui trépignent, Voguant sur les eaux tel un cygne, Tiens ton cap et le gouvernail !
Pour l’heure, attends ici, vois ces jouets sans nombre, Attrape ces poupons avant qu’ils ne s’enfuient. Le temps, c’est de la joie ! Face au soleil, point d’ombres, Goûte l’enfance qui t’encombre, Avant que tes joujoux n’aient fui…
Ce parc est ton jardin où fleur à peine éclose, Tu nous renvoies la vie comme à des papillons. Si belle, ensorcelante ainsi que sont les roses, Réjouis mon âme morose, Happe-la dans ton tourbillon !