Qui viendra balayer, chère âme désunie, Sous le drap qui se froisse alors que détordu, Ton corps souffle et repose aux instants suspendus, La poussière étalée sur ta peau rembrunie ?
Tes cheveux emmêlés de neiges et de noir, Guetteront mille années mes faisceaux sur leurs champs, Mais quels doigts enfiévrés quand le ciel redescend, Traverseront, onguent, ta chevelure moire ?
Sur quel torse iras-tu te pencher solitaire, Quand je serai sans toi dans le fond d’un caveau, Pourras-tu deviner que du froid du tombeau, Mes os rêvent sans fin que tes bras les enserrent ?
Sauras-tu la caresse et le mouvement lents, Remontant des enfers à tout jamais glacés, Jalouse, iras-tu taire à ma chair remplacée, Les mots doux et sucrés qui m’envahissaient tant ?
Étrangers l’un à l’autre en notre propre histoire, Mes mains qui t’enchantaient ne te toucheront plus, Ah ! Qui t’éclairera, quand chaque aube de plus, Nous errerons sans l’autre en de sombres couloirs ?…