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Sébastien BROUCKE

In memoriam

Dedans la nuit sans fin, sans lune, sans plafond,
Tes yeux fixant la mer semblaient être sans fond.
Nous allions éveillés, les heures iraient blanches,
Et nos corps se frôler quand tournerait la clenche.

Je m’y noie, je m’y perds, dans ce noir abyssal,
Tant ton regard m’emplit d’éternité spectrale.
Le visage salé d’embruns redescendus,
L’écume du passé m’est aujourd'hui rendue.

Tes cieux sur l’océan creusant une lucarne,
Je vois en mes rochers leurs burins qui s’acharnent.
Et comme le tailleur assis façonne un buste,
En moi nos souvenirs s’enchâssent et s’incrustent !

Tel un secret perdu, un instant d’alchimie,
Je garde d’une nuit où tu n'as pas dormi,
Au cœur, comme un joyau, scintillant, abrasé,
Et qui rien ne pesant aura tout écrasé.

Tombant dans ces sillons que le néant me trace,
Mon âme est éraflée sur toute sa surface.
Lors je devine enfler, dans mes os, triomphal,
Le venin qui transforme un homme en animal.

Au clapotis que font leurs astres et les nôtres,
Les vagues du lointain se chassent l’une l’autre,
Mais par ordre du vent une ombre les ramène,
A l’heure où dans mon cœur ton prénom se promène…

Je le redis tout bas, je le chante, l’épèle,
Pour que dans mille années ce lieu se le rappelle !
Je veux qu’en cette plage, éternel, ineffable,
L’amour dont je déborde imprègne tout le sable,

Que le moindre morceau du moindre coquillage,
Psalmodie vers le ciel à travers tous les âges,
Qu’un soir, en d’autres temps, que l'extase inhuma,
Ici-même, en aveugle, un poète t’aima.