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Sébastien BROUCKE

Au pays des merveilles

Toute habillée d’or blanc qu’avaient tissé des cieux
Des couturiers géniaux sans nombre et silencieux,
Reverdissant les monts et les arbres imberbes,
La princesse avançait dans des lueurs superbes.

Tout l’appelait à fondre et dans l’herbe échouée,
Son altesse attendait pour partir renflouer
De son eau les ruisseaux, le printemps de son âme,
Pour germer aux chemins les fleurs qui le proclament.

A trop la désirer sous sa blanche voilette,
Le ciel bleu descendait pour lui conter fleurette,
Quel chemin prenait-il, quel étrange escalier,
Nul n’entendait jamais son pas ni son soulier.

Quand les odeurs de vie et les anciens parfums,
S’entremêlaient à naître aux sources d’un jardin,
Ils se retrouvaient là, en avril, voire en mai,
Pour contempler à deux leurs desseins animés.

Aucun d’eux ne parlait mais elle avait dit oui,
Et dans chaque aube en brume ils s’aimaient enfouis,
Il avait fait sa cour, elle, donné sa main,
Ôtant sous ses rayons sa toilette en satin.

Rendant chaque rivière, toutes nues plus pures,
Notre ange dévêtu de sa fine guipure,
Écoulait sans gémir ses pleurs vers les torrents,
Qui déversent en plaine un visage au printemps…

Des oiseaux entonnaient soudain d’autres cantiques,
Recouvrant de leur joie les divines suppliques,
Et des millions de fleurs germées du dernier vert,
Dans d’intenses couleurs déracinaient l’hiver.

Sous les baisers du ciel descendu l’honorer,
Sa majesté sans fard, s’évaporant, mourait ;
Déposée sans un bruit, elle montait sans cri,
Expirant en ses gouttes qui rendaient l’esprit.

Doucement, sans effort, elle allait peu à peu,
Se mélanger le corps dans un océan bleu,
Et durant quelques mois, façonnant des étoiles,
Prier jusqu’à cette heure où le froid les dévoile.

Plus loin que l’horizon, au-delà des nuées,
Repartant dessiner sa traîne de buée,
N’en voulant à personne, attendant trois saisons,
La reine allait broder sa robe en sa maison.

Puis, volant sans un bruit, de nuit, sans prévenir,
Tel un cambrioleur quand tout est à dormir,
Elle aurait son habit de flocons incrustés,
Sa parure sans prix de lumières teintée…

Quand l’heure sonne enfin, elle peut redescendre,
Aux sommets de la terre atterrir et s’étendre,
Revenue glorieuse et sans même une ride,
Elle ose s’affaler sur les sommets arides.

Comme l’enfant qui fait de cette joie qu’on roule,
Des bonhommes à rire et des millions de boules,
Dans ce flagrant délire être à nouveau surprise,
Mais de tous ses dégâts voir sa victime éprise.

Que diras-tu, Alice, en voyant revenir,
Mêlés à tant d’azur tes heureux souvenirs,
Qu’écrieras-tu, ma fille, en découvrant que l’art
Est tellement plus beau quand il va nulle part…