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Roger VIDAL

Les fructidors de pleine lune


Aux nuits de pleine lune où toute l’Occitane
Nous conviait parfois au somptueux festin
Tu nous chantais Trenet, Brassens, la tramontane
Et l’amour entre nous qui restait clandestin…

Mais qu’est donc devenue cette brune gitane
Qui lisait dans ma main l’improbable destin ?

C’était le bel été sur les bords du canal
Le soleil dans tes yeux venait de la montagne
Ou bien je ne sais plus, de quel point cardinal,
Pour nos cœurs de seize ans qui battaient la campagne

C’était un tout petit bonheur artisanal
Qui vivait de nos jeux d’amour à qui perd gagne.

Et notre espace était celui de l’univers
Dans le doux serpolet, d’où s’enfuyaient les lièvres
Nous allions vers le soir mais la tête à l’envers
Car c’était le début de nos premières fièvres,

Ivre de toi, de nous et de nos jeux pervers,
Quand mes lèvres en feu baisaient toutes tes lèvres.

Nous plongions dans les eaux du torrent, ingénus
Qui, dans les gouffres verts, nous inventions des lunes
Ou bien des fructidors jusque là inconnus
Et la blonde gabelle en tes boucles si brunes

Blonde et brune partout même entre tes reins nus
D’où je cueillais les fruits de langues opportunes.

Le bonheur de midi qu’est il de plus complexe ?
Je n’ai rien oublié de nous ma tendre amie
Mais cette griserie qui me laissait perplexe
Et qui n’aurait souffert une infime accalmie

Tenait-elle en entier au doux secret du sexe
Lorsque tu me donnais des cours d’anatomie ?

Les années ont passé mais demeure l’instant,
Cascade sur ton corps, l’eau en perles nacrées
Et la tiédeur du soir vaporeux et l’autan,
Ondulant le duvet de tes mousses sacrées

Ah mes jeunes ardeurs n’en demandaient pas tant
Suffisait la douceur de tes lèvres sucrées.