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Reni BERGUSON

Yeu

Si proche et pourtant si lointaine
L’île dresse sa proue juste au-dessus des vagues
Mouillant à l’ancre dans les eaux qui la bordent
Prête à larguer les amarres au prochain coup de vent
Pour ne pas qu’on l’aborde,
Pour ne pas qu’on la prenne.

Coulée entre le ciel et les eaux du grand large
Elle souffle à peine quelques écrans de brume
Depuis la côte sauvage entre le But et les Corbeaux
Et brise parfois quelques paquets d’écume
Pour y cacher ses rêves marins
De peur qu’ils disparaissent.

Par les chemins herbus qui courent dans la lande
De moulins en hameaux, de ports en vieux fortins
L’île s’est bâtie de vent, de granit et de sel
Et du courage des hommes qui peu à peu ont su
Mériter la confiance
De leur île vendéenne.

Depuis les criques sableuses quand le temps est au beau
Se révèlent des plages qu’on croirait tropicales
Où les bleus et les verts se moirent au soleil
Quand, à Ker Daniau, les vagues murmurent
Des douceurs à l’oreille
Pour ne pas nous faire fuir.

Ici pas de pont, l’île se gagne et se mérite
Tributaire du vent, de la mer et des hommes
À la force des bras ou du moins des moteurs
Question de fierté, de courage et d’honneur
On n’y vient pas sur un coup de tête
On n’en sort pas dès qu’on le souhaite.

Dans les tourments de l’hiver l’île s’évapore
Comme un bateau fantôme depuis le continent
Seuls restés à son bord les vrais îliens respirent
Serrés ensemble autour des cheminées qui fument
Pour raconter, se retrouver
En somme parler de l’île.

Dehors toutefois, de nuit comme de jour,
Les phares de l’île surveillent tout alentour,
Vigies de garde qui observent le large
Pour prévenir les hommes et sonner l’alarme
Si des dangers l’abordent,
Que des mesures soient prises.

Navire au large de sa mère vendéenne
Fille sauvage et têtue, sirène ensorcelante
Tu nous berces de tes chants authentiques
Pour mieux séduire encore et nous emprisonner
Nous attacher à toi
Si jamais on te mérite.