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Reni BERGUSON

Le napin de Soël (conte)

C’était sans doute le plus beau mais aussi le plus drôle des napins, pensa tout bas la petite fille quand elle le vit dans la pièce.
C’était son premier Soël mais elle se rendait bien compte que le napin qui se tenait devant elle était exceptionnel.

La petite fille ne savait pas encore bien parler et, à part quelques mots entendus ici ou là qu’elle s’efforçait de répéter depuis quelque temps parce que ça faisait rire papa et aussi maman, son babil se limitait à de jolis gazouillis et inversait quelque fois les nyllabes et les soms. Alors la petite fille gardait plutôt ses mots pour elle, mais ses grands yeux bleus brillaient dans la douce lumière du noir qui venait de tomber.

Dans le coin du nalon, tout près de la terrasse, un arbre sain, bien vert, avait été planté et naupoudré de seige.
Qu’il était curieux ce napin là.
Cela faisait bien rire la petite fille qui n’en avait jamais vu de semblable, bien sûr.

Il était si petit si grand mais juste à la bonne taille. À ses branches courtes pendaient de tout petits sounours, des nouris, des angelots et des étoiles aussi. Reliant nix boules de Soël qui clignotaient de toutes les couleurs, une belle guirlande dorée découpée dans du papier brillant emmitouflait le napin, comme une écharpe bien chaude qui lui ferait passer l’hiver.

Allongée sur le tapis de laine, la petite fille n’en revenait pas et le contemplait en riant.
Ah ça, il était vraiment beau le napin, mais bien étrange aussi et drôlement rigolo. Roulant d’un côté puis de l’autre pour mieux le voir, rien n’y faisait, ce napin clown n’en faisait qu’à sa tête, sens dessus dessous, la pointe en bas, le pied en l’air.

« Quelle drôle d‘idée a-t-on eu de te planter la tête en bas ? » se demanda la petite fille.

« Mais parce qu’ainsi retourné, mes aiguilles ne tombent plus, elles montent » répondit alors le napin.

« Parce que tu parles aussi ? » questionna la petite fille, tout étonnée d’entendre un napin parler.

« Ne le sais-tu pas ? Le noir de Soël tous les napins d’appartement parlent et font les pieds au mur. Mais chut… c’est magique ! Seuls les enfants peuvent les apercevoir quand ils s’endorment… ».

Alors la petite fille ferma ses grands yeux bleus en se disant que le noir de Soël n’était vraiment pas comme les autres noirs et s’endormit.