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Reni BERGUSON

Le crabe caméléon

Je sens au fond de moi comme un feu qui me ronge
Mais qui brûle si froid et sans bruit se prolonge
Qui me glace d’effroi m’ensorcèle et me plonge
Bien plus loin, bien plus bas,
Aux tréfonds.
Est-ce un songe ?

Faut-il donc que je crie Au secours ! Je me noie !
Faudrait-il que je prie, aurais-je au moins la foi ?
En parler mais à qui, que dira-t-on de moi ?
L’animal s’en réjouit
Il n’est pas aux abois.

De ces griffes effilées, sous les serres qui me percent
Dans l’enfer des damnés la douleur me renverse
Et le corps ébranlé par la glace qui le gerce.
Pas pleurer, pas crier,
Seule la peur me traverse.

La bête est réveillée, le crabe caméléon
Nourri de tant d’excès a pris son aiguillon
Il vient se faire payer dans un grand tourbillon
Mon âme écartelée
En obole à Charon.

Caché au fond de moi, cela fait si longtemps
Accroché à sa proie, il œuvrait en dormant
Le crabe était en moi, immobile et patient,
À me sucer le foie,
Irrémédiablement.

Mais la messe n’est pas dite, je le jure devant toi
La maudite amanite ne fera pas la loi,
C’est la vie, pas la fuite, on se bat, on y croit,
De cette course-poursuite
Un seul l’emportera.

Affronte-moi donc l’Abcès, as-tu peur du combat ?
Sous tes couleurs, caché, tu te répands en moi
Mais je vais m’en tirer, je le sais, je te vois
Déjà plus acculé
Tu faiblis pour une fois.

Dites-le bien alentour, aucune prophétie
Ne prédira le jour où je quitterai la vie.
Pas de destin qui courre, mais l’envie d’un sursis
Seule la force en secours
M’en donnera l’usufruit.