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René DOMENGET

Supplique à Monsieur le Maire.

J'étais, mon bien cher Louis, en ta ville ce soir
Où, pour fêter l'été, j'avais conçu l'espoir,
Afin d'émerveiller mon âme vagabonde,
Pouvoir lui faire ouïr les musiques du monde,
J'eus beau la promener de quartier en quartier,
Nulle part je n'entendis d'air primesautier,
Et sans une fondue, faite de main de maître,
Ma soirée eût été jetée par la fenêtre.

Car quel que soit le lieu où mes pas me guidèrent,
Je ne pus écouter que bruits et décibels,
Mais rien de ces douceurs, mélodies si légères,
Qui sont de tous les temps nos trésors culturels.
Ce n'était que vacarme et corde mal pincée,
A croire que l'Amérique était dans nos murs,
Et j'eus beau rechercher, j'eus l'oreille agressée,
Par tout ce tintamarre et ces accords impurs.

Il était un temps où faire de la musique,
C'était au moins savoir jouer d'un instrument,
De nos jours tout est fait par la fée "Électrique",
Les sons s'entrechoquant sans bien savoir comment.
A toi qui préside à cette noble assemblée,
J'adresse amicalement une simple oraison,
"Ne peut-on pas, pour que la ville soit comblée,
A toutes les cultures ouvrir l'horizon ?"

Car avant d'être bruit, douceur fut la musique !
Elle fut folklorique ou encor symphonique,
Musette des faubourgs ou bien grande et classique
Avant de devenir sifflement électrique.
Ressens-tu comme on a le tympan agacé,
Du fait que le son "ique" est ici ressassé ?
Ce même agacement, assez nombreux nous l'eûmes,
De voir que l'Amérique estompait nos coutumes.

Il faut dans le futur tout cela orchestrer,
Rapp, Techno d'un coté, et Tsigane de l'autre,
Voilà qui paraîtrait très bien administré,
Musique n'a point d'âge et à chacun la nôtre!
Et ne vient pas surtout me parler de vieillesse,
Qu'aux mœurs de notre temps il nous faut s'adapter,
Je peux y consentir si c'est une richesse,
Mais répugne à sombrer dans la médiocrité.

Chambéry le 23 juin 2001