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René DOMENGET

La ville morte (26 mai 1944).

Dans les rues de ma ville on voyait des statues,
Des gamins débraillés, des filles moitié nues
Arpentant le trottoir près du café Fardel,
Mais sans trop s’éloigner du lampion du bordel.
Dans les rues de ma ville on voyait des boutiques,
D’où sortaient des odeurs qui vous donnaient la faim.
On entendait des airs de chansons romantiques,
Faisant rêver les belles au bras des gandins.

Dans les rues de ma ville on voyait les bourgeois,
Saluer le curé et le maire à la fois,
Dame , il faut ce qu’il faut et ça fait toujours bien
D’adorer le Bon Dieu et les républicains.
Elle chantait ma ville avec aux coins des rues,
Le joyeux saltimbanque et sa guenon velue.
Elle dansait ma ville aux p’tit bals du quartier,
Que ce soit à Maché ou encore au Laurier.

Ma ville, elle vivait lorsqu’un jour j’entendis,
Claquer sur le pavé les pas des verts de gris,
Et ma ville s’est tue écrasée par la peur,
Oubliant pour quatre ans ce qu’était le bonheur.
Puis un jour sont venus les grands oiseaux d’acier,
Ils ont lâché leurs œufs allumant des brasiers,
Lorsque le bruit s’est tu, que tout était tranquille,
J’ai vu que les oiseaux avaient tuée ma ville.


Chambéry le 05 mars 2004