Vos
poèmes

À force de sonder la profondeur humaine,
Approchant chaque jour un peu plus "l'Interdit,"
N'allez-vous point troublant la croissance sereine
Du fleuve de la vie perturber le débit ?

Chercheurs, vous pénétrez au profond des abîmes,
Comme aveugles voulant précipiter leur mort,
Mais à vouloir gravir de plus en plus de cimes,
"Savoir" tu finiras par imploser le sort.

Les temps sont révolus où la grande ignorance
Embrumait le cerveau de tout le genre humain,
Quand même il resterait des secrets à la science,
Trop grande est l'aventure, épargnons-nous demain.

Qu'avons-nous donc besoin de bousculer les astres,
Ou de vouloir savoir à tout prix l'avenir,
Quand là, à nos côtés, désastre après désastre,
La misère ici-bas ne veut jamais finir.

Consacrer tant d'argent à décrocher la lune,
Ou à vouloir ouvrir les abysses du temps,
Pour que vingt-cinq pour cent nagent dans la fortune,
Quand le reste du monde expire en même temps.

Que me répondez-vous, messieurs les bons apôtres,
Qu'il faut vivre la vie, poursuivre le progrès,
D'accord je le veux bien, oui, mais avec les autres,
Sachons tout partager sans le moindre regret.

Ne pas s'être écœuré par tant de gaspillage,
Distribution d'argent, en veux-tu, en voilà,
Assister sans rien dire à l'immense pillage,
Grand est le déshonneur, je ne m'y résous pas.

Chercheur mon ami, construis-toi une éthique,
A protéger la vie, occupe ton savoir,
Et laisse de côté ce qui est féerique,
La science te fut donnée, immense est ton devoir.

Chambéry le 11 mars 2002