Du sommet des montagnes Aux brisants des lames, Ils descendent vers le port Par les sentiers retors. Sur la tête des paniers Pleins de la récolte de l’année. Le cou raidit par l’effort, Ne maudissent même pas leur sort. Partis avant le lever du soleil, L’esprit encore dans un demi-sommeil, Ces gamins esclaves Depuis leur plus jeune âge Avancent comme des somnambules. Et monte la canicule Qui sur leur corps véhicule Les trainées de sueur. A l’heure où les caboteurs Déchargent leurs barques, Ils envahissent la plage Pour vendre à la criée Le contenu des paniers. Quand doucement La nuit descend, L’estomac à peine lesté d’un bout de pain, Au fond des paniers une bouteille de vin, Ils reprennent le chemin Parcouru le matin. Et monte de la montagne La complainte qui accompagne Leurs pas fatigués.