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Pellegrino SORICELLI

Ma Dame de Najac

Il était le cancre,
aux doigts d'encre,
le pestiféré.
Toujours mal fagoté,
il était la risée,
de l'élite argentée.
Sans jamais une plainte,
il longeait les plinthes,
et le bout de ses chaussures,
était sa ligne d'horizon,
son refuge le plus sûr.
Se soustraire aux regards,
était une obsession,
comme si ne pas voir,
était ne pas se faire voir.
Il était le plus sage,
sage comme une image,
faisait tous les efforts,
mais les belles images,
n'allaient qu'aux plus forts.
Puis un jour le destin,
vint semer sur son chemin.
Sur le trottoir une image,
avait fait son naufrage.
C'était Najac, le château,
un improbable cadeau,
et un trèfle à quatre feuilles,
qui dans son portefeuille,
ne le quittera jamais.
C'est qu'il en a imaginé,
des récits de chevaliers,
l'âme perfusée à l'image !
Puis adulte, vint le mirage :
comme sortie de l'image,
apparut sa Dame du Lac,
l'inoubliable Dame de Najac,
mi-coron, mi-Aveyron.
Elle était sa Peau d'âne,
la déraison de son âme.
Le rêveur d'Aveyron,
aujourd'hui dans sa prison,
n'est que fantôme du donjon,
qu'un rêve d'enfant brisé,
une réalité d'homme vidé.
Vidé de ce qui a compté,
plus que tout au monde.
Mais sa promesse vagabonde,
défiera l'immortalité,
car hier il a enterré,
au château à l'amour dormant,
son image dans un coffret.
Un petit carrosse d'olivier,
qui traversera les temps,
et sur lequel est gravé :
« Nous, ne finira jamais. »
Tisseur de Rimes