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Pellegrino SORICELLI

Lazare

Mes yeux sont ouverts,
mais aucune lumière,
ne me parvient.
J'entends quelqu'un,
juste au-dessus,
une voix ténue,
comme si on m'appelait.
Ma tête est comprimée,
et je me sens oppressé,
comme emprisonné.
Je ne sens pas mon corps,
et je suffoque très fort.
Je panique, pousse un cri,
mais il n'est pas allé loin,
car vite il me revient.
Et cette voix qui m'appelle,
qui me hante et m'ensorcelle.
Ce que je sens du bout des doigts,
m'affole et me glace les sangs,
car tout autour n'est que bois.
On m'a enterré vivant.
Mais je suis bien conscient,
et je récuse mon deuil,
et je refuse ce cercueil,
car j'entends cette voix,
cet appel d'outre-tombe,
venant d'en haut, d'outre-vie,
inondant toute ma tombe,
m'incitant à la vie,
m'extirpant à la nuit.
Alors, à six pieds sous terre,
guidé par cette voix d'ange,
je retourne bois et terre,
jusqu'à la dernière phalange.
Et quand enfin le jour me vient,
ce que je vois dans la lumière,
est une main que l'on me tend,
une main pour me relever,
et qui m'offre le temps,
le temps à ne plus gâcher,
celui de la seconde chance,
d'un rab de vie, d'un sursis :
le cadeau de la Providence.
Je suis Lazare de Béthanie,
une âme revenue à la vie.
Tisseur de Rimes