Il était un poème
Il était un poème,
le matin badin,
le soir désespoir.
Un poème bohème,
un poème qui aime,
mutin, baladin,
couleur du matin.
Il était un poème,
sombre, couleur de nuit,
éteint dans son mouroir.
Un poème du soir,
qui n'a plus envie,
qui n'a plus de vie
Il était un poème,
solitaire et noir,
aux mots teintés de soir.
Un poème gris de peine,
qui ne dit plus qu'il aime.
Un poème sans amour,
vidé de son ADN,
un poème sans recours,
un poème sans secours.
Il était un poème,
couleur vert-espoir,
qui voulait encore croire.
Mais aussi vert de colère,
à l'âme démissionnaire.
Un poème qui préfère se taire,
qui agonise sur une page blanche.
Un poème triste comme un dimanche.
Il était un poème,
désavoué par sa plume,
qui refuse la rime de la haine.
Un poème couleur de brume,
perdu dans l'amertume.
Un poème rouge de honte,
qui veut régler ses comptes,
mais boudé par une plume,
qui récuse la rancune.
Un poème rouge de rage,
qui se convainc d'être sage.
Il était un poème,
anorexique, morose,
ankylosé par l'arthrose,
d'une inspiration qui traîne.
Un poème réduit à la prose,
un poème que plus rien n'amuse,
désemparé sans sa muse.
Il était un poème déchu,
abattu, déçu,
un poème qui ne veut plus,
un poème qui n'en peut plus,
Il était un poème...
Un poème qui n'est plus.
Tisseur de Rimes
