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Pellegrino SORICELLI

Drôle d'histoire

J'ai bien une histoire...
Mais qui va la croire ?
C'était au fond d'un grenier,
aux étages d'une commode,
qu'était venu habiter,
un petit monde peu commode.
Dans une cité-dortoir,
faite d'HLM de tiroirs,
chacun vivait à sa mode.
C'était un quartier d'armoires,
d'immeubles de vieux cartons,
de meubles à l'abandon.
Et dans ce fatras foutoir,
mais allez-vous le croire,
demeurait un vieux cafard.
Il squattait le second,
et au fond de son tiroir,
cafardeux et ronchon,
bougon et vilain,
il méprisait ses voisins,
qui lui filaient le bourdon.
Croyez donc mon histoire,
ce n'est pas des racontars,
il avait une araignée au plafond.
C'était la faucheuse du dessus,
qui faisait bien du chahut,
avec ses fichus talons,
et avait eu raison de sa raison.
Et aussi la dame d'en face,
qui avait une drôle de face,
qui venait d'un autre pays,
qui travaillait comme une fourmi,
qui ne cessait de faire du bruit.
Il lui aurait bien secoué les puces.
Et l'autre minus, l'affreux gugusse,
le moustique d'Afrique d'à côté,
avec ses drôles d'us et coutumes,
qui ne récite pas les mêmes laïus,
qui ne porte pas les mêmes costumes,
il l'aurait bien réexpédié !
Mais sur le sujet, motus...
C'est vraiment une drôle d'histoire,
que je vous demande de croire,
mais il avait les abeilles,
pour ce qui n'était pas son pareil,
comme l'autre gus, l'olibrius,
le vieux grillon du vide ordure,
qui bouffait des détritus,
et lui cassait les oreilles,
il lui souhaitait un infarctus.
Et puis il y avait la luciole,
l'illuminée, la sale bestiole,
qui laissait toujours les lumières,
qui vivait comme une Manouche,
qui prenait souvent la mouche,
il attendait son mortuaire.
Et l'autre, l'infâme coccinelle,
qui se prenait pour la plus belle,
qui n'avait pas même taille de guêpe,
cette harpie qui toujours épie,
l'infect insecte qui calomnie,
il l'aurait aplatie comme une crêpe.
Puis un jour vous pouvez le croire,
on changea de propriétaire.
Le bric-à-brac et la poussière,
l'avaient mis fort en colère,
et avant la tombée du soir
quelle mouche l'avait piqué ?
Il avait fait un vide grenier,
et mis au marché aux puces,
tout ce vieux mobilier.
Heureusement, la blatte qui veille,
ayant eu la puce à l'oreille,
et très vite vent de l'affaire,
avait prévenu ses colocataires,
qui se secouèrent les puces,
et aussitôt s'en allèrent,
fuyant le cafard comme un virus.
Dieu que le cafard avait eu chaud,
seul dans le noir de son tiroir,
qui se consumait lentement,
avec le reste des encombrants,
qui brûlaient au fond du jardin.
Tout était calme, il était bien.
Mais où étaient donc passés,
ses si gênants voisins ?
Tisseur de Rimes