Comme un grain de sable
Je suis une ombre dans l'obscurité,
rien qu'une ombre dans notre passé,
ombre estompée, dissipée, dispersée.
Telle est aujourd'hui ma destinée.
Je suis une brise prise dans l'ouragan,
rien qu'un souffle dans les hauts vents,
souffle emporté, éventé, soufflé.
Tout ce que je suis à présent,
c'est une larme dans ton courant,
larme à délayer, à diluer, à noyer.
Simple point sur ta ligne du temps,
j'ai été au mieux un pointillé,
un point écoulé, périmé, à effacer.
Me voilà lueur dans ta lumière,
lueur ténue, perdue, disparue,
car te vivre est maintenant vécu.
J'ai été un flocon dans ton hiver,
et sursitaire, précaire, éphémère,
à ton printemps je n'ai pas survécu.
Me voilà l'esquive de tes pensées,
l'esquisse d'un passé dépassé,
un brouillon embrouillé à broyer.
Tu m'as fait nuage dans tes orages,
et terrassé, absorbé, consumé,
me voilà bouté vers d'autres rivages.
Mais comme un grain de sable sur notre plage,
j'attendrai l'écume d'un autre voyage,
et je me laisserai porter par la vague.
Dans son sillage, j'écrirai notre épilogue,
et sur un nouveau sable, un autre prologue.
Alors ne crains rien petit grain ! Va, vogue !
Tisseur de Rimes
Parce qu'il me reste tout le reste du temps du monde,
et de l'après-monde, pour vivre sans toi.
