Tu écris que le désespoir est abandon Et tu blesses le désespéré en souffrance Tu écris que l'espoir est un leurre Et tu poignardes l'amoureux béat Tu écris que laideur est souffrance Pour qui l'amour est absent Et tu fais saigner une blessure à jamais ouverte Alors même que c'est une main que tu tends Tu écris que poésie n'est que prétexte à appel Et tu mets à nu des souffrances Que l'auteur croyait secrète et parfois unique Et c'est le rejet que tu récoltes Tu écris aux yeux de tous l'erreur commise Qui tant t'as fait souffrir Pensant crier à chacun d'y prendre garde Et tu suscites railleries sur ta naïveté Je t'écris que tu dois continuer Exprime, ris, appelle, hurle, pleure, Chante, déclame, exhibe, crache, Profite et abuse de tous ceux qui te lisent Fais fi de celui que tu ne manqueras pas de révolter Qui verra dans ton écrit la négation de son propre appel Et qui oubliera que comme toi qui est comme lui Il est tout simplement comme toi, comme lui, comme elle La souffrance est souvent la plus grande Lorsque c'est sur soi qu'elle s'abat Et il en est de même pour la joie, la douleur, l'amour, Alors à celui qui blessé te critiques Réponds par la compassion Celui qui ne peut accepter ou comprendre Sa non unicité sera longtemps seule et pauvre Tout comme l'unicité de son étoile