...Ecrire comme je vis...
(J’écris comme je ris
Ou comme je pleure.)
Lorsque j’étais gamine,
On me disait :
- Pleure, tu pisseras moins.
Évidemment
Cette réplique m'était insupportable.
Véritablement
L'injustice m'a toujours été préjudiciable...
Si je pleure encore aujourd'hui
C'est pour les mêmes douleurs.
Depuis l'entrée de l'adolescence, j'écris
En cachette pour libérer mon cœur.
J’écris comme je cuisine ;
Ça gamberge, ça mijote, ça fristouille.
Deux, trois éléments secrets pour mes veloutines,
Que je goûte, que je rajoute, que je touille.
J’écris du doux, du sucré, du pimenté,
Du piquant et du meurtri ratatiné...
J'écris tous les jours, souvent au petit matin
C'est devenu un besoin irrépressible
Que sous-tendent : une joie, un chagrin,
Un bonheur, un amour impossible,
Un événement fort, l'instant exclusif,
Des confidences, des illusions,
Ce que j'ai sur le cœur ; les coups de canifs
Les bouleversements, mais aussi les exaltations...
Ecrire pour évacuer les douleurs et les regarder de loin,
En faire mes copines des mauvais jours et petit à petit, vivre avec.
Ecrire pour m’explorer, fouiller dans mes galeries,
Re-découvrir les coins sombres,
Mettre à jour les trésors.
Ecrire pour faire craquer les murs de ma prison intérieure
Et voir enfin la lumière du jour.
Ecrire pour ne pas dire au monde
Mes relations secrètes ou discrètes,
Mes galères, mes colères.
Ecrire pour ne pas les exploser
A la face des personnes qui m'ont fait du mal.
Ecrire pour faire entendre ma petite voix ;
Du poème au sketch,
De mon histoire à mes rages,
De mes leurres aux hommages.
Ecrire pour ne pas perdre la mémoire
Et défier
Le moment où j’oublierai
Que j'ai écrit...
J’écris ma vie
En solitaire, en tapinois
Comme je la vis
Mais je partage parfois...
