Je marche nue sur les plages du Temps drapée dans l'écume rougie de naufragés, trempée de voix dissoutes, étreintes et souffrances. Je fends la mer, l'ombre amère, me mêle aux fantômes des noyés dans la rumeur mugissante du ressac. Je marche libérée de tout carcan, du souvenir des peaux glacées, des yeux enfuis dans des trous noirs. Je marche en étoile rendue à l'univers le soleil dans les mains, emplie d'une joie nouvelle à poser sur les plaies au détour des chemins. Je marche en Amazone chevauchant la tempête en chamane des mots et j’apaise les êtres pour les rendre à l'éther libre des soirs d’été.