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Nur AL DIN

La Tour Eiffel paraplégique

Paris est en train de crever
C'est la nuit qui n'en finit pas de sombrer

Crevez tous !

Vous rêveurs, vous âmes de coquelicot, tout ça, crevez !

Ne venez pas me sauver la peau
Je suis damné jusqu'aux os

Et puis quoi
Déjà je voulais vous voir mort
Quand le cul de la lune dardait d'aplomb sur ma figure

Cette putain de ville est en train d'pourrir
Ses trottoirs ont autant de rides qu'un vieillard glacé

Et tout ces monuments qui crépitent autant qu'un bon vinyle
Et cette Tour Eiffel qui tremble comme un paraplégique

J'en ai trop vu, comme si j'avais vécu huit siècles

Dans mes veines coulent les immondices de Paris

Et mon coeur qui tonitrue comme le clocher d'une cathédrale
Et ma voix qui lâche les râles d'un temps déjà révolu
Et mes deux yeux, le gauche est celui de Smarr et le droit c

Je contemple la pourriture des beaux endroits
Les chandelles éteintes, les chandails troués, et les chancr
Les floraisons moites, les chemins de fer, les toits en tôle

Tout cela ne vaut pas ta beauté sale putain
Avec tes cheveux chatains qui déferlent sur tes épaules de s
Avec cette cigarette qui est faite pour ta bouche
Avec cette culotte trempée que tu portes et qui me porte au
Tout Paris ne vaut pas ta beauté sale putain

L'amour est mort, l'amour est mort et moi je t'aime
J'aimerais te crever comme un soleil perforant la nuit
Te baiser sur le dos rugueux d'une éclipse
T'embrasser comme la neige s'affalant sur les routes
T'enlacer comme un manteau qui protège du froid
Te caresser comme Debussy jouant du piano
Et te contempler comme le tableau d'un peintre mort

Dans ce Paris décomposé, il y a toi
Et sur ton corps j'aurai le temps de réinventer la poésie
Je fabriquerai des fiacres qui rouleront jusqu'à Rouen
Je foutrai des étoiles dans mon fusil et les tirerai dans le
Et dans mon atelier, je sculpterai ton cul comme ceux des gr
Je te composerai des bouquets d'ampoules que tu allumeras c
Dans ce Paris décomposé, je pourrais être le maître du monde

Je pourrais être le maître du monde, mais je ne suis rien
Parce que tu as déserté et que tout se crève
Que les fiacres ici ne sont que des caisses de merde
Que mon fusil ne contient que des balles pour se foutre en l
Et avec quoi sculpterais-je ? La carcasse du temps ?
Dans ce Paris décomposé, je ne suis rien, rien...