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Nathalie FIALA

La place de la tristesse

Peut-être que pour qu’elle nous quitte
Faut-il qu’elle nous embrasse
Il faut se laisser faire l’accueillir
Lui laisser de la place
La cueillir et la laisser glisser
Celle qu’on a laissé enfouie
Au fond de soi trop longtemps
Quand l’attente d’un regard d’une voix
Signait l’absence de soi

Elle se cachait souvent,
Dans des colères amères
Sur des chemins solitaires
Et bien trop de tourments
C’est madame tristesse
Qui m’enlace en ce moment
Ma fragilité se dresse
Mais me dit c’était avant

Faut-il encore que la tristesse me blesse
Je redis, je répète c’était avant
Avant de rencontrer des traces d’artistes
Et avant que je m’y mette, m’y enrobe, m’y plisse
Enfin, j’étais en chemin et je le suis tout le temps
J’ai trouvé des conquêtes, des amis,
J’ai retrouvé des complices, du vivant
J’ai même croisé Ulysse il n’y a pas si longtemps.

Cool, soit cool, douce voix s’insinue
Coulent les larmes me coulent, me découvrent si nue

A force d’habitudes peut-être que je ne la voyais plus
Là elle est revenue peut-être plus présente
Car les larmes coulent et s’écoulent encore doucement

Oui, peut-être faut-il lui laisser de l’espace
Pour vraiment ramener en soi
Le son de la quiétude, le son de quelque-chose
En abandonnant la main de celle que j’étais
Pour accueillir en soi les sons
Du croquant, du brillant
De la beauté, de la grâce
Des désirs, des sourires
Et des éclats de rire
Du respect que j’embrasse
Tout cela
Qui résonne dans l’autre
Qui résonne dans soi
Qui a le gout de la douceur, du plaisir
Pour conquérir le cœur
Et devenir tendresse ou je pleure

C’était long mais j’y suis arrivée à combattre madame tristesse
En me croyant plus forte je ne voulais pas la voir
Oui elle se dessine certainement d’une voix de l’enfance
Restée trop longtemps présente
Je ne voulais pas la voir, l’avoir
Je pleurais en silence car
Derrière des sourires il y avait l’absence

Mais j’y suis arrivée et je me dis bravo du chemin accompli
Je suis celle que j’ai envie d’être
Et tant pis si je pleure encore des phares d’eaux
Oui, je suis celle que j’ai envie d’Etre à l’orée des fontaines
Elle s’écoule, ailes c'est cool, même si elle revient.

Mai-juin 2024