La flûte que tu entends dans les marais noyés Chante un air d'ivresse pour ton cœur meurtri, Et ces chants mystérieux à travers les cyprès Sont les plaintes du vent qui se cherche un ami.
Ecoute cette musique qui vient de l'au-delà Elle te raconte l'histoire du poète perdu, C'est un chant de misère que les violons là-bas Egrènent sur le monde et sur ta solitude.
Il ne faut pas pleurer sur ton passé détruit Car les pleurs font plus mal que les souvenirs morts, Il suffit d'écouter la tristesse d'autrui Pour que renaisse en soi les couleurs de l'aurore.
Quand ces chants cesseront, la pudique nature Refermera sur elle sa tunique d'argent, Et tu verras bientôt des nuages de peinture Se répandrent en sanglots sur le ciel du temps.
Alors tu comprendras qu'il existe une chance Un pont de délivrance sur ce fleuve d'agonie, Tu souriras sans doute devant cette espérance Et tes yeux chanteront en s'ouvrant sur la vie.
Ecoute en silence l'écho de cet orchestre C'est une flambée d'amour, de bonheur et d'ivresse Ecoute, écoute ce silence!