Violi Viola chantait la pastourelle Quand au pâtis se serraient ses moutons Violi, Viola, et nul besoin d’ombrelle Pour épargner la blancheur de son front
Sous la fraîcheur du petit bois de chênes Elle trouvait couchette à sa façon Otant jupon et caraco sans gêne Seulette ici, et bien loin des garçons
Mousse fleurie, odorante fougère Pour oreiller, et l’ombre pour berceau La brise amie soufflait l’odeur légère Du chèvrefeuille enroulé en arceaux.
Quand le sommeil prenait la pastourelle Bras étendus, comme dort un enfant Sur son cou blanc venait la coccinelle Brillant ainsi qu’une goutte de sang
Violi Viola, dans le pré, les violettes Tremblaient un peu de peur des moutons blancs Et se trouvaient de bien jolies cachettes Pour échapper au long troupeau broutant
Violi, Viola, prends garde pastourelle Un vagabond passe sur le chemin Va t-il froisser ton cou de tourterelle Et t’empoigner de ses robustes mains ?
Le va-nu-pieds voit l’enfant qui sommeille Et cherche un peu dans le creux d’un buisson Pour lui offrir sans qu’elle ne s’éveille Un frais bouquet , violettes de saison !