Le Saint-Laurent entre par sa fenêtre Pour l'emporter, O, désespoir d'amour Les éperlans vont venir se repaître De ses beaux yeux, prunelles de velours
Ses blancs jupons nagent à la surface Du grand miroir amené par les eaux S'enfuit la peur, s'envole la souffrance Elle descend au ventre du bateau
Qui sur les flots doucement la balance Dans le mouvant désir de son berceau Entendez-vous la cloche du silence Qui chante au loin son nom, dans les roseaux ?
Le Saint-Laurent doucement se retire Reprend son cours et repart vers la mer Le lourd bateau où son âme respire S'en va plonger dans les gouffres amers ...
Une lueur monte alors des abysses Foisonnement de lumières nacrées Perles de soie qui pullulent et glissent Vers le bateau où l'âme s'est ancrée
Une musique d'orgues a retenti Dernier hommage à l'âme qui se donne Au grand sommeil, cependant que résonne Le chant sacré des vaisseaux engloutis