Sur la grève du sommeil s'allonge la chevrière Les oliviers assemblés protègent ses rêves bleus Chevrettes à l'oeil curieux contemplent la chevrière La lumière de l'été bouillonne au plus haut des cieux
Il fait si bon sommeiller quand la chaleur vous accable Et qu'un immense brasier brûle les monts éblouis Les chevrettes dégourdies se rassemblent sur le sable Surveillant d'un œil surpris la chevrière endormie
Une folle idée survient : aller courir la campagne Brouter l'herbe des chemins qui doit être délectable Plus que celle de l'enclos où l'on se croirait au bagne Même si l'enclos est grand, il n'est pas loin de l'établ
Où l'on s'ennuie à mourir, où la nuit vous emprisonne Ah, courir, courir,courir, et que les clochettes sonnent Se sentir vivre, et grimper sur ce grand pic qui couronne La plate et triste vallée où les oliviers moutonnent !
Les folles têtes cornues s'emballent à cette idée Vite, il faut trouver l'issue pour à jamais s'évader Echapper à notre sort et courir la prétentaine Oublier à tout jamais le poids de nos lourdes chaînes
Un bourdon s'en vient frôler le nez de la chevrière Le bel élan est stoppé, on restera prisonnières Chèvres dociles, rangées, de surcroît, bonnes laitières Adieu , sentiers forestiers où s'enflamme la bruyère !