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Michèle CORTI

Tu te sapes, hein ?


Tu te sapes, hein ?
Disait un freluquet, écornifleur notoire
A la belle Juju, campée devant l’armoire
Où elle choisissait ses velours et satins.

Notre voyou, sans foi, ni loi, comme en s’en doute
Avait levé Juju, un jour, sur une route,
La mettant au turbin, pour lui, se reposer.
Elle avait accepté, car il savait causer…

Tu te sapes, hein ?
C’était tous les jours son antienne
A ce marlou flemmard, jaloux comme une hyène
Mais qui n’hésitait pas à jeter au trottoir
Sa Juju qui trimait du matin jusqu’au soir !

La Juju, voyez-vous, c’était une gagneuse
Jolie, attentionnée et pas du tout teigneuse
Il la méritait pas, c’est sûr, cette princesse
L’amour, c’était pour lui une histoire de fesses !

Il savait lui trouver des michetons pleins aux as
Et lui, dans les tripots, jetait l’argent par liasses
On peut bien deviner comment finit l’histoire
A trop gagner, parfois, on triomphe sans gloire

Ses grands cocoricos , et ses rodomontades
(Chez les gars du milieu, on aim’ pas les salades)
Troublèrent des caïds qui le mirent à quies
Les bourgeois, ce soir là, portaient leurs boules Quiès !

Ah, ça sent le sapin, murmura le minable
Dans le sursaut final, et ce cri lamentable
Ne troubla qu’un instant le calme revenu
Y avait plus un quidam sur la grande avenue !

Juju pleura beaucoup, mais fit très bien les choses
Sur le cercueil de bois embaumaient tant de roses
Q’on n’y vit que du feu, et les quelques clampins
Ne s’offusquèrent pas du cercueil…en sapin !