Le repas de Nono, en tout point mémorable Nous incita un soir à fréquenter sa table Où un apéritif ouvrit nos appétits Et flatta des palais déjà fort avertis.
Arrivèrent des nems, sur un lit de salade. Aucun ne s'égara ou ne resta en rade Et ils furent suivis d'un onctueux foie gras Sur du pain brioché de goût fort délicat.
Des tranches de rôti d'agneau juste saignant Furent accompagnées de Soissons succulents, De pommes bien dorées,de champignons farcis Dont le fumet subtil nous tenait à merci!
La salade qui vint rafraîchit l'atmosphère En apportant enfin une note légère ; Il ne fut pas question d'ignorer les fromages, Et l'on se demanda si l'on était bien sage
D'autant se délecter, sans songer un instant Qu'on pouvait à coup sûr nous traiter de gourmands ! Et lorsque le dessert exposa ses décors On l'applaudit très fort, sans le moindre remords.
La meringue craquait et fondait à la fois, Et chacun apprécia la truffe en chocolat Qui exaltait à souhait l'arôme du café Que l'on but, pour finir, à petites gorgées.
Ah, mais non ! J'oubliais ! Arriva sur la table Un énorme gâteau qui se crut désirable Mais que nos estomacs, comblés et dilatés Refusèrent tout net, et qui dût s'en aller !
C'était une forêt, bien noire, de surcroît, Et que l'on envoya retrouver le grand froid Du frigo. Cependant, quelques uns eurent droit A de chaudes liqueurs, dont ils burent deux doigts.
Et l'on se sépara, par trop lourds et repus, Jurant, mais un peu tard qu'on ne nous prendrait plus En de tels traquenards, et rêvant d'eau gazeuse, Le garant absolu des digestions heureuses.
Sachez bien, toutefois, que très fort nous louâmes Le repas de Nono, notre hôtesse, dont l'âme Et les goûts délicats nous ravissent toujours Car elle sait si bien nous entourer d'amour