Sur le trottoir graisseux d’une ville lumière J’arpente le bitume et marche à petits pas Sous ma jupe fendue on voit ma jarretière Lanière de cuir noir qui agrippe mon bas
J’en ai vu défiler sous ma jupe légère J’en ai vus tant et tant, je ne les compte pas Dans les hôtels honteux de la ville lumière Je mène au bord des lits, ma vie, comme un combat
Mais celui que je veux, jamais je ne le trouve Afin de l’aguicher j’exhibe mes appâts Ma gorge est de satin, ma crinière est de louve Perchée sur mes talons, je tangue à petits pas
Je m’éloigne parfois des lumières factices Car je sais qu’il ne veut pour sortir que le noir Je cherche un coin perdu, une porte complice Et j’écoute longtemps à l’écho d’un espoir
Dans mes filets tendus viennent poissons en nombre Existences paumées, gibiers que je rabats Je voudrais tant un soir apercevoir dans l’ombre Son étrange beauté sous le grand chapeau noir
Qu’il vienne mettre un terme à ma désespérance Qu’il s’en vienne faucher mon corps vers l’au-delà Mais le jour a conduit la nuit en transhumance