Les sources murmuraient au jardin de Doumé Et ses légumes frais, qu'il venait d'arroser Avec beaucoup d'amour, étaient incomparables : C'étaient présents des dieux posés sur notre table !
Descendait des maisons, l'odeur de fasgiulatta Mitonnant doucement dans la chaleur de l'âtre. La bonne pastaciutta y mijotait aussi Et on la dégustait dès que venait midi.
Saveurs inégalées de ce veau aux olives ! On ne retrouve plus ces flaveurs gustatives Dans le veau d'aujourd'hui, fût-il bien cuisiné, Il lui manque le goût magique du passé...
Les tripes de mouton que cuisinait Mémé Dans l'odeur pénétrante de la menthe poivrée, Qui pourra les refaire aussi bien que Pauline, Avec ce tour de main, ô recette divine !
Et ces jolis beignets tout ronds, tout parfumés Qui sortaient bien dorés, en l'honneur des mariés De l'immense bassine où on les faisait frire, Beau dessert concocté dans la joie et les rires.
Doumé, très bon chasseur, ramenait des palombes Qu'il posait, beau fardeau, sur la commode sombre Qui trônait dans la chambre où on les contemplait, Songeant à la saveur de ce mets recherché.
La soupe, tous les soirs, parfumait la cuisine. On ouvrait les croisées, et, des maisons voisines Nous parvenaient alors des vapeurs embaumées Réjouissant les coeurs à l'heure du souper.
On avait mis à part dans un grand saladier Les légumes bouillis, d'huile bien arrosés. Je me souviens toujours de ce goût si fruité : Mon palais en ressent encor la volupté.
Et les fruits du jardin terminaient le repas. De ces fruits merveilleux, jamais on n'oubliera Le parfum envoûtant, ni la beauté magique De ce jardin d'Eden, jardin de Dominique...