Les jours ont rallongé et l'humble saut de puce Nous amène, menu, vers un printemps certain L'hiver pourtant redouble et porte dans ses mains La bise qui flagelle autant que le knout russe
Un peintre a composé la splendeur du couchant Où la pourpre royale et l'or princier ruissellent Sa majesté le Vent déjà se met en selle Le galop est terrible et l'éperon mordant !
La neige ajoute encore à l'horreur annoncée Entre ses mains glacées elle offre le linceul Qui ensevelira le pauvre, l'homme seul Endormi pour la nuit dans la noire avancée
D'un porche, où les passants ne le voient même pas Dans cette rue hantée par de beaux noctambules Ou par quelque quidam qui le soir, déambule Cherchant un restaurant où s'offrir un repas
Fourrures et manteaux de laine les recouvrent Leur capuche baissée les protège du froid Ils foncent dans la nuit et personne ne voit La misère à ses pieds et le tombeau qui s'ouvre...
C'est au petit matin que se lira le drame Dans le journal du jour, près du café fumant La Mort éclatera d'un rire triomphant Lorsque vers le ciel noir elle enverra une âme.