Ma lyre est épuisée et mon luth est éteint J'ai tout abandonné: l'or de mes calepins Où je notais hier mille et cent fariboles, Et les riches émois d'une nature folle, Et mes inspirations qui ne tarissaient pas… Oui, la chaleur est là qui me mène au trépas! Mes pieds sont pieds de veau: non, il ne s'agit pas De ces curieux arums nommés "Herbe d'Aaron" Qu'on dit aussi"Gouets", "Arum maculatum" Qui mûrissent en août en perles de corail... Non, il s'agit d'un mal qui me tient au bercail: Enflés par la chaleur, mes pauvres pieds éclatent Comme ces beaux arums aux imposantes spathes Et je ne peux marcher, et je vais titubant Sur ces pieds torturés, vraies pattes d'éléphant! Ah, non, ne riez pas, plutôt, compatissez: A la cure, à Luchon, j'avais le pied léger. Un voyage a suffi pour qu'ils soient tuméfiés, De l'ardente chaleur j'aurais du me méfier! Et puis, les pieds pendants, (et pendant bien des heures) De la circulation, cela fait le malheur. Je parle de ce sang qui ne veut pas monter Le long du fût jambier et reste dans le pied! Bref, je suis affalée comme une belle plante Qui rayonnait hier et aujourd'hui déchante Par trop d'eau amassée dans ses pieds élégants Qui maintenant, hélas, font pattes d'éléphant (Ou de veau!)