Partons à la cascade
Ah, quelle douce joie que cette promenade:
Préparons les chapeaux, les sacs et les souliers,
Aujourd'hui, c'est promis, on part à la cascade.
Faites bien attention de ne rien oublier!
Les petites, ravies, escaladent le "train"
Qui s'en va dans les rues où joyeux, il klaxonne.
On admire, en passant, les roses des jardins
Qui moussent, sur les murs où le lierre frissonne.
On a l'air de partir pour un très grand voyage
Et l'on ne va pourtant que jusqu'à Montauban,
D’un air cérémonieux, les fillettes si sages,
Serrent très fort leurs sacs, se calent sur leur banc.
On rencontre des prés, où des vaches paisibles
Nous regardent passer, de l'herbe entre les dents.
Le train rase les murs, passe devant l'église
Et s'arrête bientôt tout au bord du torrent.
Il fait frais dans le bois, au pied de la cascade.
L'eau gronde avec fureur et tombe: quel fracas!
On voudrait la toucher, mais on ne s'y hasarde:
On pourrait y tomber, reculons de deux pas.
On doit partir, déjà? Oui, l'orage menace
Et l'on entend, au loin, le tonnerre gronder:
Vite, filons au train qui attend sur la place,
Si l'on part tout de suite, on échappe à l'ondée.
Un bon vent s’est levé et le train est ouvert,
Quel parfum d'aventure, en longeant les prairies!
Oh! Voyez-donc, là-bas, contre cet abri vert
N'est-ce pas un ânon qui, de loin ,nous sourit?
On arrive épuisés, l'aventure fut belle,
Et l'on va raconter aux parents attendris
Qui attendent déjà leurs jolies demoiselles
Tout ce que l'on a vu, tout ce que l'on a dit.
Mais rentrer au logis sans goûter une glace
Ou quelque autre douceur, cela ne se fait point!
Allons-tous nous asseoir aux abords de la place
Où, vraiment fatigué, s'endort le petit train...
Marcek
