Une dame très à la page Mais dont la vie était sage Demande à la marguerite : « Dis-moi, dis-moi donc, petite Comment se faire effeuiller En dame bien élevée ? »
-Madame, dit la pauvrette Pour garder sa collerette Et préserver sa vertu Il faut fuir les inconnus Qui à nous cueillir s’apprêtent Dès le printemps revenu !
-Mais alors, reprit la dame , (Lasse un peu de sa vertu), Ma page doit rester vierge Et mes désirs retenus ?
-Il est vrai, dit la fleurette Qu’un bel amour rend heureux Et qu’il faut se garder prête Pour ce jour si merveilleux Où le prince vous butine En plongeant au fond du cœur Une lance fort mutine Qui fera votre bonheur !
Aussitôt devant la dame Un papillon prit la fleur Et lui avoua sa flamme Dans une admirable ardeur…
La dame très à la page Comprit alors qu’il fallait Attendre à son tour la plume Qui allait la transporter Courant en précieux jambages En pleins et en déliés Sur le velours de sa page Ouverte au mot Volupté !